Sous le toit du monde

Titre du roman : Sous le toit du monde

Auteur : Bernadette Pécassou

Nombre de pages : 306

Mon édition : Flammarion

Genre : Contemporain

4ème de couverture :

« Ashmi s'enveloppe dans son sari. Elle rejoint ses amies Neia et Laxmi et toutes trois descendent les escaliers au plus vite pour se joindre à la foule grossissante qui a envahi les rues de Katmandou. On a assassiné le roi, la reine et la jeune princesse. La stupeur s'est emparée des habitants de la ville au fur et à mesure que la nouvelle s'est répandue. Ils veulent comprendre. Mais personne ne sait rien, personne n'a rien entendu. On a désigné tant de noms qu'on n'en a mis finalement aucun sur les ombres meurtrières du grand parc. »

Sous le toit du monde, des ombres rôdent et assassinent tandis que de riches occidentaux gravissent l'Everest et que la corruption fait rage. En ce début de XXIe siècle, Karan, un jeune Français d'origine népalaise, croit trouver en Ashmi la personne idéale pour incarner le nouveau Népal. Il en fera la première femme journaliste népalaise, ce qui précipitera son destin tragique.

D'une écriture vive et authentique, Bernadette Pécassou s'inspire de faits réels pour révéler les drames méconnus de la très ancienne ville de Katmandou et ses maisons de briques fissurées, son capharnaüm plein de vie, l'émouvante magie de l'Himalaya et de ses neiges sacrées.

Ce que j’en pense :

Karan est un jeune homme qui vit en Europe depuis ses cinq ans. Il n’a donc que très peu de souvenirs du Népal, son pays d’origine. Pourtant, l’assassinat de la famille royale népalaise va réveiller en lui une véritable passion pour ce pays. Il quitte tout et part avec une idée bien précise en tête : participer à la construction du Népal en tant que nouvel état démocratique. Courageux et ambiteux, il compte ouvrir un journal et tout dévoiler à ses concitoyens, sans censure ni langue de bois.
Bien des fois Ashmi aussi a pris les excréments à pleines mains pour dégager l’étable. Mais alors elle ne sentait pas l’odeur, ou elle ne se souvient pas. De toute façon les odeurs, ici, il y en avait tant que ça ne comptait pas. Aujourd’hui, le quotidien de son enfance lui apparaît d’un autre âge. D’un temps souillé, laid, rempli de crasse. Elle a honte en pensant qu’ici, c’est chez elle, qu’elle a vécu comme ça. Et cette honte lui fait mal. (p. 91)
Ashmi est une jeune fille tirée de la misère et de la pauvreté par une mission humanitaire. Grâce à cette dernière, elle a pu faire des études et aller à l’université. Son avenir est tout tracé. Elle doit devenir enseignante afin de dispenser à son tour le savoir aux enfants des montagnes et leur offrir ainsi l’espoir d’un meilleur avenir.

Karan. Ashmi. Deux personnes que tout oppose, que tout sépare. Et pourtant, ils vont se rencontrer. Karan veut faire d’Ashmi une journaliste, dans ce pays où la femme est dévalorisée, rabaissée, soumise à l’homme. Il voit là le moyen de faire avancer les choses et de changer cette société conservatrice. Ashmi, elle, voit dans cette opportunité un moyen de prendre son destin en main. Elle veut plus que ce à quoi elle est destinée. Son séjour à Katmandou lui a ouvert les yeux, elle sait désormais que dans d’autres pays, les femmes sont mieux considérées, plus libres. Il est très intéressant de voir son évolution tout au long du roman. Au début, c’est une jeune fille timide, soumise, vulnérable. Peu à peu, elle s’affirme, se découvre une force de caractère et une envie dévorante de justice.
Elle sait qu’il lui faut prendre une décision, tout de suite. La culpabilité, elle n’en veut pas. Aujourd’hui elle connaît le prix qu’ont payé tant de femmes avant elle, elle sait qu’il est possible de vivre autrement. (p. 167-168)
Cette alliance scellera leurs destins. En effet, le journalisme est une profession à haut risque dans ce nouvel état qui n’est démocratique que de nom. Liberté d’expression, liberté de presse, modernité… de bien jolis mots. La réalité est toute autre. Au Népal, la corruption est encore bien présente, le pouvoir est concentré entre quelques mains, les castes doivent être respectées, les médias subissent de lourdes pressions… et les journalistes qui osent s’élever contre l’ordre établi, qui osent dénoncer ce qui ne va pas, sont froidement assassinés. Les meurtriers ne sont jamais arrêtés, faute de preuves, d’indices… d’envie ?

Toutefois, Karan et Ashmi ont plus en commun qu’il n’y paraît. Tous deux sont en quête de leur identité. Lui se sent comme un étranger dans son pays natal. Elle, se sent rejetée par sa communauté, par sa propre famille. Tout est remis en question et ils cherchent tous deux leur place en ce monde. Tout ceci – leur soif de justice, leurs faiblesses, leur détermination… – fait d’eux des personnages extrêmement attachants et touchants.
Aujourd’hui, « chez lui », c’est partout et nulle part. Quand il a quitté Paris, ses copains de fac lui ont dit : « Envoie des nouvelles, connecte-toi, et reviens nous voir. » Mais aucun n’a trouvé anormal qu’il rentre au Népal. Il n’était pas l’enfant qui quitte le pays natal de France puisqu’il n’était pas vraiment français, il était juste un Népalais qui repartait chez lui. Au Népal il s’est vite aperçu qu’il n’était pas vraiment népalais. Il était le Français qui vient au Népal.  (p. 87)
Bernadette Pécassou, avec une belle plume et des mots bien choisis, nous offre ici un récit poignant et vibrant de réalisme. S’inspirant de faits réels, ce roman dénonce une triste réalité tout en permettant une découverte inouïe du Népal et de sa culture, sans laisser de côté les facettes les moins reluisantes et les plus méconnues.

Appréciation globale :
Une perle à mettre entre toutes les mains

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& Enjoy

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